Agnès est une des pièces majeures de l’auteure qui l’a remise en scène dernièrement, en diptyque, avec L’École des femmes. Le thème est éternellement actuel : celui du rôle assigné aux femmes et aux jeunes filles, celui de l’abus du pouvoir entre les sexes.
La distribution est entièrement féminine. S’éloignant de tout naturalisme, neuf comédiennes abordent tous les rôles pour creuser la question homme-femme, dans le rapport au corps, au jeu du pouvoir et de la séduction.
Elle s’appelle Agnès. C’est une femme adulte de notre temps, mais qui reste enchaînée à la petite fille de douze ans qu’elle fut, abusée par son père. Elle vit dans le passé autant que dans son présent d’avocate, captive de la mémoire de cette violence infligée à une enfant. Un des enjeux essentiels sera la reconquête de sa parole : parole empêchée, prise, retrouvée. Parole, au cœur de la liberté. Rapport entre liberté et amour. La possible conscience et prise de parole de toutes les Agnès du monde, à toute époque et dans tous pays. Catherine Anne tend le miroir des souillures irrémédiables qu’aucune avancée féministe ne semble devoir éviter.
© Hervé Bellamy
Scénographie Sigolène de Chassy
lumières Nathalie Perrier
assistante lumières Mathilde Chamoux
son Madame Miniature
assistant son Thomas Laigle
costumes Floriane Gaudin
perruques Laurence Berodot, Mélanie Gerbeaux
assistant à la mise en scène Damien Robert
Production A Brûle-Pourpoint
Coproduction
Espace Malraux — Scène Nationale de Chambéry et de la Savoie
Théâtre des Quartiers d’Ivry
Comédie de Picardie
Avec le soutien de DIESE # Rhône-Alpes
Avec la participation artistique de l’Ensatt et du Jeune Théâtre National
Agnès est publié aux éditions Actes Sud-Papiers.
Thomas Baudeau / Fous de Théâtre
« Globalement juste, percutant, et poignant. (…) Habilement structuré, constitué de flashbacks, d’ellipses, doté de caractères complexes, contenant des dialogues forts, âpres, sans fioriture, des monologues prenants, des situations quelquefois pénibles, mais aussi empreint d’une certaine poésie, l’ouvrage de Catherine Anne se révèle une belle partition, riche, dense, fluide, dont s’emparent intelligemment ses interprètes.
A commencer par l’époustouflante Marie-Armelle Deguy, (…) campant magistralement un épouvantable père incestueux. Quelle puissance, quelle cruauté, quelle perversion, quelle violence, quelle intensité dans le jeu de cette femme à l’allure plutôt frêle, qui nous fait admettre sans broncher son travestissement. Superbe composition, remarquablement maîtrisée. Aussi brillante, Morgane Arbez qui nous embarque au plus profond de l’âme de la jeune Agnès, dévoilant une errance psychologique douloureuse et bouleversante. Impeccable, encore, Léna Bréban sous l’influence de son mari… A voir. »
Bruno Fougniès / Reg’arts
« Tous les rôles sont joués par des comédiennes. Un choix qui n’est pas innocent et qui prend toute sa valeur quand il crée une distance nécessaire avec le réalisme. Un choix qui apporte également du sens, principalement pour le rôle du père incestueux magnifiquement donné par Marie-Armelle Deguy d’une force incroyable. Voici donc le père, d’une corpulence fluette, la voix à peine virile, qui ne ferait pas peur à une mouche : mais son pouvoir est ailleurs. (…) Nul apitoiement, nul sanglot, la mise en scène de Catherine Anne, âpre et violente, évite les écueils du pathétique. C’est à une lutte qu’elle appelle, une révolte. C’est une gifle qu’elle donne à la domination des hommes, une gifle qui fait du bien. »