Complice de longue date et connaisseur du théâtre japonais, Erhard Stiefel s’est laissé convaincre de présenter, pour la première fois, sa collection unique de masques de théâtre, qui l’a guidé dans son propre travail de sculpteur.
Plus de quatre-vingts pièces, témoignant de la puissance de cet art, qui relie les hommes à travers les siècles et les continents. D’un Arlequin de la Commedia dell’arte, à l’Indonésie, l’Inde, le Bhoutan, la Thaïlande, la Chine, jusqu’au Japon…
« Plusieurs fois dans ma vie, je me suis trouvé face à de véritables trésors, témoins de cet art menacé de disparaître. Faire une exposition de masques m’a toujours semblé impossible, car le masque est alors dans une situation de repos, vide et imprécise : il doit être dansé ou joué pour se montrer. Mais acceptons ce fait, car aucun subterfuge ne peut remplacer l’acteur qui est son interprète.
Je me suis aperçu que le masque en général, surtout en Occident, est très méconnu et qu’une grande confusion s’installe de plus en plus à son sujet. Alors, je me suis laissé persuader d’exposer ma collection, pour que l’art du masque de théâtre vive. » Erhard Stiefel
En 1973, Ariane Mnouchkine le charge de concevoir les masques de sa création L’Âge d’or. Il installe son atelier à la Cartoucherie de Vincennes et c’est le début d’une longue collaboration avec le Théâtre du Soleil, Mephisto d’après Klaus Mann, Richard II puis Henry IV de Shakespeare, L’Histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge de Hélène Cixous…
Depuis 1965 il a créé des centaines de masques uniques et faits sur mesure pour les plus grands metteurs en scène de théâtre et de cinéma : Maurice Béjart, Antoine Vitez, Arlequin serviteur de deux maîtres de Goldoni, Jean-Pierre Vincent, Les Fourberies de Scapin de Molière, Alfredo Arias, Peines de coeur d’une chatte française, La Belle et les Bêtes, Yannis Kokkos, entre autres.
Christian Schiaretti a fait appel à lui en 1994 pour la création de Ahmed le subtil de Alain Badiou. En 1997, il est responsable de la venue du théâtre Nô au Festival d’Automne à Paris et en assure la réalisation scénique.
Erhard Stiefel est Maître d’Art depuis 2000, un titre décerné par le ministère de la culture et qui récompense un professionnel d’excellence maîtrisant des techniques et des savoir-faire exceptionnels.