Par-dessus bord, pièce énorme, épopée du minuscule, est un chef-d’œuvre du théâtre contemporain. Écrite en 1972, l’œuvre parle d’une France d’avant. Elle plonge dans l’intimité d’une société en mutation d’un temps encore optimiste, avant la cassure de 1973 et la première crise pétrolière. Le thème central de la pièce : la lutte sur le marché français de deux entreprises, l’une américaine qui vient conquérir des nouveaux débouchés, l’autre française, une moyenne entreprise familiale, qui cherche à conserver son monopole.
Le héros est donc ici l’entreprise Ravoir et Dehaze, cinquante personnages, employés, dirigeants, vendeurs, en révélant toutes les fonctions et contradictions.
Par-dessus bord ne contient pas seulement un match Europe-Amérique et une lutte familiale par le pouvoir, elle met en jeu les univers de la création artistique, du marketing, du petit commerce, de la danse, des structures mythologiques, du jazz, des amours de Madame de Pompadour, du choc des cultures.
La pièce tend à couvrir la plus grande surface de réalité. Michel Vinaver écrit avec un humour acide et franc. Son théâtre est gai, il n’est pas journalistique, il est poétique. Les personnages y défilent comme dans une procession profane. Les grands y côtoient les petits au service d’une histoire qui les dépasse.
Pour Christian Schiaretti, qui réunit pour cette aventure une troupe de trente comédiens et musiciens, « il faudra scéniquement que le travail soit drôle, c’est une priorité, léger, c’est une évidence, qu’il tende comme un manifeste un miroir terrifiant qui a engendré notre réel… ».
C’est la première fois en France que sera créée la version intégrale de Par-dessus bord.
Présenté en intégrale les samedis et dimanches ou en deux soirées.
Durée :
1re partie : 2h45 / Pause : 1h30 / 2ème partie : 2h45
Musique originale : Yves Prin
Direction musicale : Thierry Ravassard
Piano : Thierry Ravassard,
Percussions : Laurent Mariusse
Contrebasse, basse : Olivier Moret
Saxophone, clarinette : Thomas Zimmermann
Techniciens en jeu : Jean-Jacques Becker, Fabrice Cazanas
Scénographie et accessoires : Renaud de Fontainieu, Fanny Gamet
Lumières : Julia Grand
Costumes : Thibaut Welchlin
Coiffures, maquillage : Nathalie Charbaut
Vidéo : Pierre Jacob
Son : Laurent Dureux
Programmation électro-acoustique : Frédéric Prin
Chorégraphie : Guesch Patti
Textes des chansons : Fabienne Audéoud
Conseiller littéraire : Gérald Garutti
Stagiaire : Alexandra Lazarescou
Assistante : Laure Charvin-Gautherot
Stagiaires : Alice Carré, Ophélie Kern
Production : Théâtre National Populaire – Villeurbanne. Avec le soutien du Département du Rhône
Avec la participation artistique de l’ENSATT et l’aide de la Région Rhône-Alpes pour l’insertion des jeunes professionnels. Avec le soutien de la SPEDIDAM et de la SACD.
Jeudi 13 mars et jeudi 20 mars
Après la représentation, rencontres avec l’équipe artistique.
Vendredi 21 mars à 18 h 30
Rencontre avec l’auteur Michel Vinaver
Le Figaro La pièce est d’une puissance hilarante. Elle s’appuie sur la lucidité d’un regard féroce mais aussi sur l’empathie de l’auteur pour la plupart des personnages. L’épaisseur de ces derniers, qu’ils soient «croqués» ou longuement présents, est bouleversante, comme l’est la trame tissée serré et qui ne se contente pas de nous raconter une histoire d’entreprise qui cherche les parades à la concurrence et finira absorbée par les Américains. Plongée au cœur d’une économie qui nous domine aujourd’hui. Pendant ce temps, la famille se déchire, les employés se chamaillent, sont virés sans état d’âme malgré leur fidélité… et la terre tourne. Des vies minuscules qui ont l’ampleur de l’épique. Ici portés par une troupe exceptionnelle et chacun mériterait qu’on le cite et qu’on analyse le travail superbe.
Michel Vinaver va au-delà de Hellzapoppin et de Pirandello, d’Aristophane et de Shakespeare, de Rabelais et du théâtre de boulevard. Oui, il y a tout cela dans Par-dessus bord (on jette tout le monde par-dessus-bord dans notre monde). Mais il y a aussi l’histoire qui précède. La grande catastrophe du XXe siècle. Et il continue. Il a écrit une pièce sur le 11 septembre et entrera l’an prochain au répertoire de la Comédie-Française. Armelle Héliot
Le figaro
Libération En 1973, Roger Planchon monte une version écourtée de Par-dessus bord. Trente cinq ans plus tard, Christian Schiaretti, son successeur à la tête du Théâtre National Populaire réalise l’un de ses vieux rêves : revenir à la démesure originelle et représenter l’intégrale, près de sept heures de spectacle (avec un entracte), menées sans temps faible par trente acteurs et quatre musiciens. Une plongée dans l’histoire – la France d’il y a quarante ans – qui est une traversée du monde tel qu’il est et déraille toujours aujourd’hui.
Par-dessus bord est une épopée du capitalisme, vécue, sublimée et dynamitée de l’intérieur par un auteur au fait de tous ses rouages. René Solis
Libération
L’Humanité Christian Schiaretti s’est emparé avec gourmandise de ce matériau à la richesse incommensurable. Et le résultat est à la hauteur de cette démesure. Trente acteurs, quatre musiciens, un rythme effréné, soutenu, pour raconter cette fresque conçue en six mouvements, cette irrésistible ascension du nouveau capitalisme à laquelle nous assistons, médusés, sept heures durant. On n’en perd pas une miette. On est subjugué par le souffle épique qui balaie d’un revers toutes nos habitudes. C’est audacieux, drôle, flamboyant. Le théâtre est partout, à cour, à jardin, devant, derrière. Les décors, les lumières, les costumes, la présence de chacun des acteurs, tout concourt à vous faire vivre et vibrer, à réveiller vos consciences quelques peu somnolentes. C’est du théâtre à l’état brut, sans fioritures, sans faux-semblants. Schiaretti n’a pas renoncé et il passe dans cette mise en scène une énergie que l’on perçoit sur le plateau et qui le communique à la salle. On n’est pas dans le discours, on est dans l’action, en permanence, au cœur des contradictions humaines, au cœur des interrogations à venir toujours d’actualité. Marie-José Sirach
L’Humanité