Nous sommes au Congo belge en 1958 lorsque la pièce débute. C’est une période d’effervescence qui va mener le pays à l’indépendance. Une fois acquise, se font jour les oppositions et les diverses pressions pour l’acquisition d’une parcelle du pouvoir. Les colonisateurs, qui semblent avoir quitté la scène politique, attisent les dissensions et tentent encore de conserver le pouvoir économique, au besoin en encourageant la sécession d’une des provinces congolaises. Patrice Lumumba, nommé Premier Ministre, dénonce ces malversations. L’atmosphère de liberté et de luttes politiques fiévreuses pour la conquête de l’indépendance puis l’ascension de Patrice Lumumba constituent le cœur de l’intrigue.
Un héros au temps compté, un chemin semé d’embûches, une mort violente et prématurée, tout est là pour créer à la fois le mythe politique et théâtral. A partir de ces faits politiques précis et à peine modifiés, Césaire transfigure la réalité pour faire de Lumumba une figure charismatique à la lucidité exaltée, symbole de toute l’histoire d’un continent.
Loin des « héros positifs » du réalisme socialiste surgissant dans les théâtres de nombreux pays africains qui deviennent indépendants dans les années 60, Lumumba, comme Césaire, est un poète « déraisonnable ». Figure de Prométhée, porteur de feu ou Christ souffrant, l’unité Dieu / homme est ici transformée en Afrique / Lumumba. La durée de la pièce constitue à la fois un espace et un temps prophétiques où, d’une certaine façon, le poète devient l’outil et la mémoire de cette prophétie.
Signature de Daniel Maximin, ami et complice discret et attentif d’Aimé Césaire, de son dernier livre Aimé Césaire, Frère volcan (Ed.Seuil), mardi 22 octobre avant et après la représentation de “Une Saison au Congo” dans le hall du TNP.
En partenariat avec
Dramaturgie et conseils artistiques Daniel Maximin
Musique originale Fabrice Devienne
Scénographie et accessoires Fanny Gamet
Costumes Thibaut Welchlin
Lumières Vincent Boute
Son Laurent Dureux
Vidéo Nicolas Gerlier
Coiffures, maquillage Françoise Chaumayrac
Production Théâtre National Populaire
En coréalisation avec le Théâtre Les Gémeaux Sceaux / Scène nationale
Christian Schiaretti dirige la Comédie de Reims de 1991 à 2002. Il est directeur du TNP depuis janvier 2002 où il a présenté Mère Courage et ses enfants et L’Opéra de quat’sous de Bertolt Brecht, Père, Mademoiselle Julie et Créanciers de August Strindberg, L’Annonce faite à Marie de Paul Claudel, 7 Farces et Comédies de Molière, Philoctète de Jean-Pierre Siméon, Siècle d’or : Don Quichotte, Don Juan, La Célestine ; Joseph d’Arimathie et Merlin l’enchanteur (avec Julie Brochen) du Graal Théâtre de Florence Delay et Jacques Roubaud, Mai, juin, juillet de Denis Guénoun, Une Saison au Congo de Aimé Césaire. Pour l’inauguration du nouveau Grand théâtre, il crée Ruy Blas de Victor Hugo, le 11 novembre 2011. Ses spectacles, Coriolan de William Shakespeare, 2006, et Par-dessus bord de Michel Vinaver, 2008, ont reçu de nombreux prix. Très attaché à un théâtre du répertoire, Christian Schiaretti reprend régulièrement ses créations avec les comédiens de la troupe. En savoir plus.
Armelle Héliot Le Figaro.
“Sur le vaste plateau, c’est une grande fête du théâtre avec musique, chant, troupe importante de comédiens pour l’essentiel originaires d’Afrique. Christian Schiaretti signe un spectacle en tous points remarquable. Il fait peser l’essentiel sur cette langue époustouflante, sur ce sens de la grande tragédie qui puise chez les Grecs, chez Shakespeare, chez Claudel son ambition, sa démesure, sa force et sa beauté bouleversante.”
Fabienne Darge Le Monde.
“L’image est forte, à l’heure des saluts : trente-sept acteurs-chanteurs sur le grand plateau du TNP. On n’avait jamais vu cela, sur la scène d’une grande institution théâtrale française… Christian Schiaretti aime Césaire comme il aime Claudel ou Péguy, et tous les poètes chez qui souffle un verbe puissant. Il est aussi un grand brechtien et avait surtout l’intuition de la pertinence politique qu’il pouvait y avoir à monter la pièce aujourd’hui. Et cette pertinence saute au visage à l’issue de la représentation.”
Fabienne Arvers Les Inrockuptibles.
“Christian Schiaretti met en scène magistralement la puissance du poétique, réfractaire à la veulerie et l’arbitraire du pouvoir politique. Une piste circulaire jonchée de caisses de bière, entourée des instruments de l’orchestre de Fabrice Devienne : le décor, minimal, laisse toute latitude à la mise en scène où musique, chants et jeu choral soutiennent avec ampleur, humour et conviction le héros sacrifié de l’indépendance congolaise, Patrice Lumumba, interprété par Marc Zinga avec une ferveur et une énergie confondantes. Choral, le texte l’est aussi par la pluralité des langues : lingala et swahili de la République du Congo, mooré du Burkina Faso, lari du Congo-Brazzaville, l’angloaméricain, sans oublier le français avec l’accent belge ou l’anglais avec l’accent africain.”
Antonio Mafra Le Progrès.
“Un spectacle fleuve et virtuose qui renoue avec la tradition épique du théâtre populaire. Très brechtien dans sa construction en saynètes successives, le propos surprend par sa fluidité, sa force dramatique et l’écho qu’il trouve dans les traditions orales africaines que la mise en scène préserve, éclaire et nourrit en se défendant d’enfermer la direction d’acteurs dans des codes occidentaux. Séduisant dans son jeu, Marc Zinga incarne le rôle de Lumumba avec ce mélange de pudeur et de candeur qui rend son martyr encore plus insoutenable et ce spectacle tellement formidable.”
Étienne Faye 491.
“Christian Schiaretti s’est entouré d’une équipe de comédiens exceptionnelle. Marc Zinga met tant de conviction dans chaque phrase qu’il pourrait bien être capable de changer le monde. Quand il se vante de savoir retourner une foule ou une soldatesque, finalement, c’est nous qu’il emporte. Grâce à lui, au texte superbe et virulent d’Aimé Césaire, avec la mise en scène étourdissante de maîtrise et de rythme imaginée par Christian Schiaretti, mais aussi ses bijoux étincelants de poésie, atterrants de beauté, Une Saison au Congo est sans doute un des plus précieux moments de l’année, de ceux qui justifient d’avoir un grand théâtre dans sa ville.”
Le programme de salle (pdf / 551ko)
Le tract (pdf / 627ko)
Le dossier de presse (pdf / 420ko)
Le dossier pédagogique (pdf /988ko)
Le cahier du TNP n°12 / Une Saison au Congo – Aimé Césaire (pdf / 719ko)
Feuilletez le cahier du TNP n°12 / Une Saison au Congo – Aimé Césaire
Dimanche 20 octobre 2013, à 16h00.
Voir le programme
Réservations auprès de la billetterie : 04 78 03 30 00
Les personnes malvoyantes ou non-voyantes peuvent suivre en direct la description du spectacle au moyen d’un casque à haute fréquence.
La représentation est précédée d’une approche tactile du décor.
Pour bénéficier de ce dispositif d’accompagnement, il est nécessaire de se signaler lors de la réservation des places.