Le travail d’écrivain de Kafka est indissociable d’un « devenir animal ». A travers l’écriture, il repousse les bornes de l’être humain au point de faire apparaître l’animal qui sommeille en nous : singe, cloporte, souris, chien… Rapport pour une Académie, titre de la nouvelle d’où est tiré le spectacle, est un des éléments de ce bestiaire. Un homme, à la demande des membres de l’Académie, est invité à faire une conférence sur sa vie antérieure de singe.
Avec drôlerie, impertinence, autodérision, frayeur, le dénommé Pierre le Rouge va raconter comment il fut mis en cage, éduqué par les hommes à coups de dressage, ses premières acquisitions comme, par exemple, boire cul-sec et fumer et comment, petit à petit, il a rejoint l’être civilisé tandis que son passé de singe disparaît au point de le croire perdu. Mais peut-on réellement tout oublier de ses origines ? Tout n’est-il pas en lui ? Dans ses excès, ses mélancolies, ses questionnements. Au fur et à mesure que Pierre le Rouge décrit son accession à une humanité, c’est nous qui plongeons dans un bain simiesque. On sera comme son premier maître, désorienté par la nature simienne qui s’échappe à grand train de l’élève… Homme ou singe savant ? Qui est le confident et le double de qui ?
Rumeurs de jungle, apparitions fantomatiques, manifestations troublantes d’une nature et d’une mémoire qui ne demandent qu’à ressurgir. Le comédien, acrobate zoomorphe, livre là une performance étonnante, subtile et mystérieuse, en équilibre sur les frontières fascinantes entre l’homme et l’animal.
© Eric Sargis / DR
Jade Duviquet, metteure en scène et comédienne, (avec Jérôme Savary, Jean-Paul Wenzel, Jean-Yves Ruf…) fonde la compagnie du Singe Debout en 2002 avec Cyril Casmèze, comédien, danseur, acrobate, issu des cirques Archaos et Plume. Ils conjuguent leurs expériences de cirque et de théâtre pour explorer le rapport entre l’homme et l’animal, le corps et le langage . C’est ainsi que naît leur première création Animalité. Ils explorent aussi l’autofiction et les territoires de l’intime, où l’animalité n’apparaît, cette fois, qu’en fulgurances : CQPVD ou Ce que parler veut dire, à partir du texte Autoportrait de l’auteur et plasticien Édouard Levé, Unplusun, et Il est plus facile d’avoir du ventre que du cœur. La compagnie réalise également des performances, comme celle créée à Brooklyn Zoomorphic wild man lors d’un festival new-yorkais.
Production : Compagnie du Singe Debout avec le soutien de la DMDTS, Ministère de la Culture et de la Communication
Coproduction : Centre Dramatique Régional de Tours, Théâtre Nouvel Olympia Centre Dramatique National Théâtre Nanterre-Amandiers
Avec le soutien de l’Espace Planoise-Scène Nationale de Besançon
En savoir plus sur la Compagnie du Singe Debout
Le programme de salle (pdf / 956ko)